L’annonce de la mise en place de nouveaux droits de douane par le président américain Donald Trump a suscité un mélange d’appréhension et de soulagement parmi les agriculteurs et les chefs d’entreprise de Saskatchewan. Le président a annoncé un tarif de base de 10 % sur de nombreux pays, mais a promis d’exempter les produits couverts par l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). Cette nouvelle a permis de calmer temporairement les craintes d’un effondrement brut de la relation commerciale entre le Canada et les États-Unis, qui avait été largement affectée par des décisions impromptues et des tensions tarifaires.
### Les effets limités des nouveaux tarifs
Malgré le maintien de l’exemption ACEUM, l’impact du nouveau tarif de 25 % sur les automobiles suscite des inquiétudes considérables. Ce tarif pourrait faire grimper le coût des voitures dans la province de 1 000 à 8 000 $. Des experts comme Simon Enoch, du Centre canadien de politiques alternatives, avertissent que bien que certaines entreprises puissent se sentir soulagées, ce nouveau tarif pour l’industrie automobile nuira durement à l’économie locale.
### Un climat d’incertitude pour les agriculteurs
La situation demeurant instable, les agriculteurs du Saskatchewan restent dans l’inquiétude. Chris Procyk, directeur de l’Association des producteurs agricoles de Saskatchewan, souligne que plus de la moitié des exportations de la province vont aux États-Unis, y compris un tiers des exportations agricoles. Les agriculteurs font face à une paralysie temporelle, avec des stocks de produits tels que le blé accru par la peur de futurs tarifs. Ce phénomène de tension ne vient pas des tarifs eux-mêmes, mais de l’incertitude et de la menace qu’ils représentent sur le marché.
### Impact sur les entreprises canadiennes
Les chefs d’entreprise de Saskatchewan, comme Brianna Solberg de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes, constataient déjà les dommages causés par cette guerre commerciale. Quatre entreprises sur cinq signalent des effets néfastes, notamment des coûts en hausse et une demande en déclin. Les méthodes pour ajuster leurs stratégies d’approvisionnement se révèlent souvent inapplicables dans un contexte où la menace tarifaire reste omniprésente. De surcroît, l’exemption ACEUM n’apporte qu’un répit temporaire, alors que 60 % des exportations canadiennes vers les États-Unis ne sont pas couvertes par cet accord.
### Une nécessité de mesures proactives
Face à la persistance de l’incertitude, certains experts plaident pour des mesures de réciprocité de la part du gouvernement canadien. Keith Willoughby, directeur de l’École de commerce Edwards, évoque le risque d’une récession si de nouveaux tarifs sont imposés, notant que l’économie de la Saskatchewan est déjà fragile suite aux récentes crises sanitaires et économiques. L’heure serait donc à l’investissement dans des infrastructures interprovinciales telles que des pipelines est-ouest, pour diversifier et renforcer la position commerciale de la province à l’avenir, se détachant ainsi de l’influence des décisions américaines.